En ce vendredi 30 avril, les meilleures conditions étaient réunies pour un match de rugby amateur, digne de ce nom : une équipe visiteuse avec un excellent état d´esprit et (et beaucoup d´esprit tout court d´ailleurs…) un terrain à côté duquel la pelouse de Twickenham fait figure de champ de luzerne, un Club House astucieusement construit au-dessus des vestiaires, tenu de mains de maître par l´élite de la gentillesse et de l´efficacité hôtelière, et bien sûr, une équipe Mildioux fringante et impatiente de retrouver une équipe qui lui avait fait excellent impression.

 

Dès le début nos amis Peña Zinzistes avaient décidé de faire rendre l´âme à notre arbitre encore convalescent d´une entorse traîtresse : dans le zig puis dans le zag, les Zinzin faisaient du zèle : tels des zazous ailés, tels des Zatopek nourris au zèbre, ils avaient décidés de nous faire passer pour des zozos : par 3 fois il violèrent notre en-but (en tout bien tout honneur).

Mais les Mildioux restèrent zen. Nos avants électrisés par le retour inespéré de Michel Ruiz, commencèrent à reprendre les devants. La charnière aux appuis magiques, sans doute dopée par quelque cocktail à base de jus de kiwis, lubrifia ce travail, et bientôt, nos ¾ firent éclater au grand jour le fruit de sourdes parties de cache-ballon : aux 4 coins du terrain de petits coups d´états permanents vinrent illuminer l´impeccable billard jalousement entretenu par les anges gardiens du Complexe Jesse Owens.

Insensiblement sous les furieuses courses de la bige et les envolées haut débit de notre webmestre Jean-Michel, l´effectif limité de nos chers visiteurs se fit sentir et, avouons-le, même avec quelques brillants pigistes Mildioux en leur sein et nonobstant un ultime essai d´une beauté désespérée, les sociétaires de la Peña Zinzin prirent l´eau… rassure-toi, cher lecteur mon frère, (mais oui toi aussi ma soeur) ce fut bien la seule fois de cette soirée que nos invités prirent de l´eau. Ce qui me fait une transition toute fluide pour la 3ème mi-temps qui fut, avouons-le de re-chef, nettement plus équilibrée.

En effet, nantis d´un chanteur Corse, Philippe, que j´ai l´honneur de bien connaître par ailleurs, capable d´assurer une polyphonie bastiaise à lui tout seul, les zinzins étaient là, et que là même ! Ils avaient poussé le sérieux dans le rigolard jusqu´à nous fournir un Missel de chants sacrés qui égayèrent cette nuit en diable. Une fois de plus des amitiés se nouèrent : le Sergent Garcia fricota avec David et Olivier flirta avec la correctionnelle.


De franches ripailles en bourrades amicales, les chants baroques et les rires emplissaient cette salle qui grâce à vous, commence tout juste à prendre la patine intime et l´odeur de légende qui sied à tout vrai club house de rugby. Mais, au bout d´un temps certain, à l´heure où nos chants prennent des accents de « musique contemporaine » pour ne pas dire dodécaphoniques, à l´heure où les rires francs se muent en sourire vaporeux et où l´élocution se fait plus vague, il fallut se décider à se résoudre de se dépêcher lentement de se quitter. Avez-vous remarqué comme elle est déchirante la chanson du « Faut vraiment que j´y aille maintenant » ?

Un tube, que dis-je un tango tragique : je m´en vais, on me retient, je m´en vais tout de même, mais j´ai pas envie, alors je dis au revoir à tout le monde dans l´espoir qu´on me retienne, parce que c´est tellement chiant et en même temps c´est tellement chouette quand les copains veulent pas que tu partes… On ne dira jamais assez merci aux copains qui vous retiennent… Pourtant, pourtant il me faut quand même vous dire qu´il serait sage de faire attention à votre mode de transport retour… N´oubliez pas la chanson : « on y vient à pied, on ne frappe pas, ceux qui vivent là ont jeté la clé »… Alors amusez-vous, mais surtout, revenez-nous, entiers. (Houlà !)

La phrase du jour :
«Attention, quand je dis «Supérette» dans ma bouche, c´est pas péjoratif»