Tout n´a pu être dit dans le compte-rendu de match, tant ce Week-end en Pays de Galles fut dense et riche comme une pinte de stout… Le lendemain, nos hôtes nous avaient fort obligeamment réservé des places pour assister au match Galles Italie au Millenium Stadium.
Ah mes amis quelle après-midi ! Au même titre qu´il n´y a plus d´après à Saint Germain des Prés, à Cardiff, avant le match il y a toujours des « avant-matchs ». Le quartier du Millénium est alors livré aux seuls piétons bigarrés à la démarche chaloupée. Après quelques étapes dans les pubs qui jalonnent très opportunément le parcours, le Stade s´impose bientôt à vos yeux, rougis par l´émotion des chants gallois*, comme un vaste paquebot qui se serait perdu sur les berges du Taff. Sous l´oeil indulgent mais vigilant des Bobbies, des guirlandes rouges et blanches de Gallois, s´étirent dans une ambiance familiale et populaire ; car ici le rugby ne plonge pas ses racines dans la gentry, il a été nourri au lait de charbon. Seuls quelques groupes de bleus Transalpins tentent de faire tache et ne font que rappeler l´omni présente du rouge. Mais revenons à nos pub… nous entrons avec Jean-Noël, bras dessus, bras dessous en compagnie de John et Garry, dans un pub, figurez-vous.
Là c´est une houle joyeuse qui tour à tour vous entraîne, puis vous refoule des fontaines de bière salvatrices ; finalement après une navigation, hasardeuse entre les empoignades rigolardes de vieux copains retrouvés et les escadres de pintes qui voguent vers leurs gosiers, vous arrivez à bon port et vous vous amarrez solidement au bar : Et là mes amis vous faites votre choix parmi les nombreuses et étranges spécialités de bières : certaines ont la consistance de cafés liégeois, de crachat silicosé ou de jus de tabac, mais toutes descendent agréablement; une accorte Barmaid actionne les lourds leviers des pompes sous les yeux plein d´envie des consommateurs ; je commande mes pintes.
De retour à mes partenaires de conversation, il est décidé à l´unanimité de « Let´s walk outside, to get the atmosphere… ». Une activité qui consiste, après enquête, à changer de pub… Très bien nous en prend à Jean-Noël et moi car nous découvrons ainsi les rues rendues aux piétons où trône un Gargantuesque Guinness Bus et enfin nous entrons un nouveau pub beaucoup plus rempli celui-là et beaucoup plus chantant…
Mais, pas de panique, avec Jean-Noël, aux racines Basques bien ancrées je ne suis pas en piètre compagnie : nous chantons en Gallois, mes amis, puis Jean-Noël entonne l´hymne Basque puis ce fut le tour de « La Vie en Rose », « La mer » de Charles Trenet entre chaque chanson, une chanson galloise ; et chaque fois le petit groupe s´étoffe, on nous présente qui, un ami, qui un parent de passage…
Mille visages rougeauds et hilares nous apostrophent, tous nous demandent de « gagner ce soir »… Eh oui car cet après-midi, nous sommes tous Gallois face aux Italiens, mais ce soir, nous serons tous Français ! (dixit Gary) Après une bonne dizaine de chanson et 3 ou 4 pintes plus tard ; Jean-Noël et moi sommes priés d´interpréter la Marseillaise… avec eux. C´est à ce moment-là que comme par miracle Sylvain débarque avec d´autres Mildioux sauvés, nous ne mourrons pas de noyade aujourd´hui
Nous sommes ensuite télé-portés vers les tribunes : nous arrivons juste à temps pour les hymnes. Toni arrive mais un peu tard pour aider l´Italie qui prend l´eau de toutes parts ; et comme Jean-Noël et moi n´aimons pas l´eau, nous en profitons pour aller « Get the atmosphere » à la Brasserie installée dans les tribunes. Là, des dizaines de Gallois font la queue très sagement pour obtenir le précieux breuvage. Nous revenons avec une rafale de Bitter pour notre rangée de gradins, inutile de vous dire que l´accueil est triomphal… mais moins triomphal tout de même que le grand chelem fêté le soir même avec Gary et John et Benny et Harry. Car ce soir-là nous étions tous Français
*Car c´est bien sûr l´émotion qui empourprait nos visages burinés par le match de la veille et non l´absorption de quelques breuvages brassés à base de céréales, comme certaines mauvaises langues, dont je ne suis pas, tendraient à l´insinuer perfidement.
Hymne National Gallois publié en 1860 | ||
Wlad fy Nhadau | Land of my Fathers | |
Mae hen wlad fy nhadau yn annwyl i mi, Gwlad beirdd a chantorion, enwogion o fri; Ei gwrol ryfelwyr, gwladgarwyr tra mad, Tros ryddid collasant eu gwaed. | The land of my fathers is dear unto me, Old land where the minstrels are honoured and free; Its warring defenders so gallant and brave, For freedom their life’s blood they gave. | |
Gwlad, gwlad, pleidiol wyf i’m gwlad, Tra mor yn fur i’r bur hoffbau, O bydded i’r heniaith barhau. | Home,home, true am I to home, While seas secure the land so pure, O may the old language endure. | |
Hen Gymru fynyddig, paradwys y bardd, Pob dyffryn, pob clogwyn i’m golwg sydd hardd; Trwy deimlad gwladgarol, mor swynol yw si Ei nentydd, afonydd, i mi. | Oldland of the mountains, the Eden of bards, Each gorge and each valley a loveliness guards; Through love of my country, charmed voices will be Its streams, and its rivers, to me. | |
Os treisiodd y gelyn fy ngwlad tan eidroed, Mae hen iaith y Cymry mor fyw ag erioed; Ni luddiwyd yr awen gan erchyll law brad, Na thelyn berseiniol fy ngwlad. | Thoughfoemen have trampled my land ‘neath their feet, The language of Cambria still knows no retreat; The muse is not vanquished by traitor’s fell hand, Nor silenced the harp of my land. |